Pour la première édition de la FIAC Online Viewing Room, la Galerie Patrick Seguin présente une sélection d’oeuvres choisies de JEAN PROUVÉ, PIERRE JEANNERET, CHARLOTTE PERRIAND, LE CORBUSIER et JEAN ROYÈRE, figures majeures de l’histoire du design du 20ème siècle.
Jean Prouvé, à travers son approche novatrice de la production basée sur une “philosophie constructive”, appliquait les mêmes principes aux meubles et aux immeubles, créant des oeuvres intemporelles qui se démarquaient par leur esthétique épurée. Son intérêt constant pour la standardisation et la modernité se reflète dans les élégants Fauteuil Direction (1951) et Guéridon Haut (1948).
Une sélection de pièces réalisées par Pierre Jeanneret et Le Corbusier issues du projet monumental de Chandigarh en Inde seront également présentées. Chargé par Nehru de construire Chandigarh — la nouvelle capitale de la région du Pendjab— à l’indépendance de l’Inde en 1947, Le Corbusier conçoit un projet destiné à illustrer le futur prometteur du pays. Pierre Jeanneret, son cousin et collaborateur de longue date, se voit confier la conception de la plupart des pièces de mobilier de la ville nouvelle. Chaque pièce était pensée pour un endroit et une utilisation spécifiques, avec une attention toute particulière portée au contexte symbolique, et étaient réalisées avec des matériaux locaux. Ainsi, les fauteuils dits “Advocate” (ca. 1955–56) en teck et peau par exemple furent réalisés spécifiquement pour la Haute Cour. Les pièces transmettent ainsi une impression forte et immédiate d’autorité et de hiérarchie.
Se libérant des conventions artistiques traditionnelles, Charlotte Perriand se tourne rapidement vers le bois. Son séjour de quatre ans au Japon fut décisif dans le développement de sa pratique, mais c’est au sortir de la Guerre qu’elle élabore sa propre vision de l’habitat, créant ainsi une synthèse entre la tradition et l’industrie. Deux de ses créations les plus admirables, le bureau en pin massif (1952) et l’iconique banquette Tokyo (1954) inspirée du design traditionnel japonais, illustrent à ravir le raffinement de ces pièces en bois, élégantes bien que fonctionnelles.
Dans le vocabulaire décoratif de Jean Royère, de simples lignes sinueuses de métal se transforment en un luminaire évoquant un bouquet luxuriant comme cette impressionnante applique à dix branches (1939). Jean Royère joue malicieusement avec le motif floral, qui donne rapidement lieu à une série de formes organiques. Une grande liberté ainsi qu’un esprit ludique émanent de ces pièces raffinées qui illustrent à merveille des thématiques chères au décorateur : les domaines du végétal et de l’imaginaire.